PRG

L'objet du potentiel de réchauffement global (PRG) est de permettre de comparer la contribution au réchauffement climatique pendant une durée déterminée d'un kg d'un gaz à effet de serre autre que le CO2 avec l'effet sur le climat d'un kg de CO2 sur le même période.

Plusieurs normes internationales élaborées quand le sujet climat a émergé orientent vers la prise en considération du PRG à 100 ans (notamment en 1997, décision 2/CP.3 annexe du protocole de Kyoto). Les décideurs sont ainsi supposés adopter les mesures relatives au climat en prenant en considération l'incidence des différents GES compte tenu de leurs effets sur le climat jusqu'à la centième année après leur émission soit, maintenant, jusqu'en 2124.


Parallèlement, compte tenu des recommandations des scientifiques qui constatent l'accélération du réchauffement climatique et informent voire "alertent" sur les effets à venir des boucles de rétroaction positive, les décideurs publics sont de plus en plus amenés à fixer des objectifs à brève échéance. Certains objectifs à date rapprochée résultent directement d'accords internationaux (l'objectif de neutralité carbone en 2050 retenu par les accords de Paris).


Dans la mesure où l'on prend conscience en raison de l'accélération du réchauffement climatique que les mesures doivent avoir un effet sur le climat à des dates rapprochées, il semblerait logique d'évaluer les émissions de chaque GES en fonction de leurs effets sur le climat à des échéances temporelles de même ordre.


Le choix du PRG100 tient compte de l'incidence des émissions actuelles jusqu'à 100 ans après l'émission. Ça paraît peu pertinent mais surtout ça a de gros effets sur les objectifs globaux que les pouvoirs publics retiennent et, dans une certaine mesure sur la décomposition des objectifs de réduction par type d'émissions.


L'incidence du choix des PRG


Imaginons un territoire qui émet annuellement 100 tonnes de CO2 et 1 tonnes de méthane.

Le PRG du méthane à 100 ans étant de 28, (27,9 dans le rapport 6 du GIEC, "AR6"), les émissions de ce territoire sont comptabilisées ainsi :

100 t (le CO2) + 28 t CO2eq (la tonne de méthane multipliées par son PRG100) = 128 tonnes de CO2eq

Le PRG du méthane à 20 ans est de 81 (81,2 selon AR6 du GIEC).

Les mêmes émissions du territoire imaginaires sont comptabilisées en tenant compte du PRG20 ainsi :

100 t (le CO2) + 81 t CO2eq (la tonne de méthane multipliées par son PRG20) = 181 tonnes de CO2eq

D'une part, l'objectif de n'émettre par ex que 100 tonnes 5 années plus tard sera plus facile à atteindre si les émissions initiales sont comptabilisées par application du PRG100 (128 tonnes CO2eq) que si elles sont comptées 181 tonnes (application du PRG20).

Les mesures à prendre ne sont pas du même ordre de grandeur.


Ensuite les mesures à prendre ne sont pas nécessairement tout à fait les mêmes si l'on tient compte du PRG20. Compte tenu du poids du méthane (dans notre exemple, 81 CO2eq sur 181 au total) et du fait de la moins grande diversité des sources d'émission de méthane, des mesures ciblant le méthane sont sans doute à prioriser.


Dans le cadre du procès l'affaire du siècle, c'est en appliquant le PRG100 que les objectifs sont selon le tribunal presque atteints.

En prenant les mêmes informations de base ("émissions physiques" pour une année déterminée, (x tonnes de CO2 ont été émises dans tel secteur, y dans tel autre … x tonnes de méthane ici, y tonnes là …) mais en retenant le PRG20, plus pertinent en raison des échéances climatiques, les émissions comptabilisées seraient au contraire de plus de 10% supérieures que celles prises en compte par le TA de Paris.


Contester le choix du PRG n'est pas mince affaire.

L'argument rationnel de la proximité des échéances climatiques n'est pas difficile à étoffer. Adopter une unité de mesure des effets sur le climat des différents gaz qui soit en lien avec les échéances parait pouvoir s'imposer aisément.

Mais l'inertie est une force terrible, l'habitude ayant été prise de raisonner à partir du PRG100 , chacun reproduit ce choix sans se rappeler que c'est un choix  (le PRG100 étant d'ailleurs souvent présenté comme "le PRG" alors qu'il est un PRG parmi d'autres).

Sur le terrain juridique, c'est plus compliqué encore et ça mérite de véritables études.

RESTE QUE LES ENJEUX JUSTIFIENT DE S'Y ATTELER

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